Le projet « Sur Terre, faire tomber les frontières »

Dans mon travail et ma vie, j’invoque la quintessence de la terre, la nature elle-même. Pour moi, la nature est ouverture d’esprit. Mais cette ouverture, cette croyance ou cette foi en la Terre, est-elle accessible à chaque être humain ? Peut-on se libérer lorsque l’on a été agressé ou opprimé, politiquement ou socialement ? Peut-on transcender ses souffrances ?

J’ai grandi avec ces mots : « réfugié », « migration », « terre perdue », « anniversaire de la journée de la terre », la Palestine, et j’ai fait de nombreux voyages qui ont opérés différents changements en moi. Cette relation essentielle avec la terre et la nature trouve bien sa source dans mon histoire personnelle. Je ne peux échapper à l’expérience de la perte de la terre que mes racines palestiniennes m’ont transmise. Et, je n’ai trouvé à exprimer ce sentiment de perte avec lequel j’ai grandi, qu’à travers l’art.

D’autre part, le voyage qui a résulté de la perte de la terre, m’a ouverte à d’autres mondes, d’autres cultures. La rencontre qui a alors lieu entre ma culture et celles que je trouve sur mon chemin, me mène à toucher du doigt, d’une certaine manière, quelque chose de plus universel.

Et si la relation particulière que je nourris avec la nature, prend racine dans cette expérience personnelle, c’est sans doute aussi parce que les notions de frontières en sont absentes.

Que pensent les réfugiés que j’interroge de tout cela ? Et comment traduire au travers d’un travail plastique tout ce que nous échangeons sur nos expériences respectives ?

Les humains ont besoin de se réunir autour d’une cause universelle. La « modernité » imposée et la course à la suprématie économique risquent d’écraser, de produire de la violence et des guerres, de détruire la terre, toutes les terres. Comment, à partir d’un cas particulier, d’une expérience vécue singulière, peut-on toucher à l’universel ? Passer de l’individu à l’universel ? Mais aussi de l’Individualisme à l’Altruisme ?

Mon parcours d’exilé, et toutes ces questions fondamentales de l’existence agitent et continuent d’agiter mes pensées. J’ai donc décidé d’aller sur le terrain et d’interroger des personnes (les réfugiés)  qui ont vécu des expériences comparables.

Ce projet artistique permet aux réfugiés de s’exprimer et de s’intégrer plus dans la société en dehors de leur foyer. Ouvre un passage direct vers l’autre : créer un pont entre les individus, les réfugiés, et le reste de la société dans laquelle ils se trouvent ; une passerelle entre eux et les personnes qui peuplent leur univers et donne une autre image d’eux même que celle qui est perçu dans l’existence du quotidien. Le projet s’interroge sur la question des droits de l’homme et sur la liberté de se déplacer vers n’importe quel pays ou territoire.

L’exécution de ce travail artistique (avant, pendant et après) sera filmée et photographiée ; ajoutant à l’ensemble les techniques de la photographie et de la vidéo.

 A la suite de sa réalisation, des ateliers pédagogiques et pratiques artistiques seront créés  afin de sensibiliser sur la problématique des réfugiées et leur expérience.

L’Art doit questionner les conflits de la société et rêver des solutions. Et puis l’Art, c’est aussi pour moi la force et le courage de dire, il faut qu’il agisse et qu’il mette en place des actes créatifs réels dans un sens positif.  On mobilisera les réseaux sociaux pour communiquer autour de cette problématique.

Les réfugiés arrivent de plus en plus nombreux. Au sein des terres d’asile, nombreux sont ceux qui pensent que ces nouveaux arrivants sont un poids supplémentaire pour leurs sociétés souffrant déjà des difficultés économiques actuelles. D’où l’existence d’une peur face à leur présence, d’où cette retenue pour aller vers eux, les écouter, apprendre à les connaître, à les côtoyer.

Ils veulent qu’on les entende et il faut qu’on les entende. Les médias ne nous parlent pas des individus, de leurs histoires, de ce qu’ils vivent, de leurs peurs, de leur courage, de la joie de ceux qui ont gardé la vie. Ils veulent qu’on partage avec eux leur avenir sur cette nouvelle terre.

 

 

 

 

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